Bordeaux 2023

« Un millésime intemporel, de tradition, Classique »

De retour de bordeaux où j’ai participé à mon 37ème millésime de dégustation en primeur, il me paraît important de partager avec vous mes impressions sur ce dernier né, sur ce millésime 2023 qui à bien des égards a dépassé toutes les espérances de la filière viticole. Avec son style empreint d’un grand classicisme, sa particularité est directement liée à la climatologie de cette année 2023 qui a souvent pris le vigneron à contre-pied et suscité de vives émotions, voire parfois de l’inquiétude. A bordeaux, on l’appelle « l’enfant terrible » pour exprimer cette idée d’un millésime qui leur a donné du fil à retordre, les a obligé à se remettre en question.

Chaque millésime est un nouveau départ, un nouveau défi, une nouvelle promesse. Ce millésime 2023 est inclassable, il succède brillamment au millésime 2022 qui fût éblouissant, et qui plaçait les curseurs assez haut, tout en jouant sur un registre différent et inattendu. Dans bien des cas, ce sont des vins de belle concentration, aux maturités fraîches, associant gourmandise, délicatesse, moelleux, et souvent au style très juteux. Il s’agit d’un millésime d’équilibre et d’harmonie, dont l’éclat aromatique, que ce soit sur les fruits rouges ou noirs, est souvent tonique. Un millésime qui se pare d’élégance et entre dans la famille des grands millésimes récents de Bordeaux.

Les Conditions climatiques du millésime

Hiver 2022-2023

Après un hiver plus froid que la moyenne mais relativement sec, le mois de mars a marqué une rupture : les moyennes de températures sont au-dessus des normales de saison et la pluviométrie achève quant à elle de reconstituer les réserves en eau des sols, après un millésime 2022 extrêmement chaud et sec. Ce redoux en fin de saison de taille entraîne un débourrement précoce dès le 27 mars.

Printemps 2023

Le printemps ne connut aucun épisode de gel, tant redouté par les vignerons. Les mois d’avril, mai et juin furent moins arrosés qu’habituellement mais les pluies, bien réparties, ont été utiles à la vigne qui en a profité pour s’épanouir pleinement. Avec la douceur du printemps et des pluies régulières, induit une pression mildiou importante qui met les vignerons à rude épreuve. Cette pression constante a imposé un travail intense pour assurer la récolte et l’amener à terme.
Rapidement, le vignoble a observé de longues inflorescences, résultats de l’initiation florale sous le ciel lumineux du printemps. Cette période de floraison se déroula sous des conditions climatiques idéales. Elle débuta dès le 23 mai, et grâce à des températures estivales et un ensoleillement record, se termina de manière très homogène en quelques jours seulement, annonciatrice d’un millésime généreux, car le taux de nouaison était plus élevé qu’à l’accoutumée.
Le mois de juin ressemblera au mois de mai, chaud et sec. La vigne en profite et laisse présager des vendanges encore plus précoces qu’en 2022.

Été 2023

Les stades végétatifs se succèdent, la première semaine de juillet est pluvieuse et cela a permis à la vigne de ne pas stresser excessivement. La véraison arrive rapidement courant juillet. Pendant ces deux mois estivaux, la météo fut relativement classique pour la saison, ce qui laissa le temps à la vigne de se développer sereinement, sans excès que ce soit pluvieux ou de sécheresse. S’il fallait trouver une ombre à ce tableau idyllique, il s’agirait probablement des deux vagues de chaleur qui se sont succédé du 17 au 24 août, puis du 03 au 11 septembre, des vagues de chaleur qui ont échaudées le vignoble, causant des brûlures dues à l’ensoleillement sur la face des grappes exposée au couchant.

Les Vendanges 2023

Les vendanges des rouges ont commencé encore plus tôt qu’en 2022, généralement vers le 07 septembre pour le cépage Merlot. Le Cabernet-Franc et le Petit Verdot ont suivi naturellement vers le 20 septembre.
S’ensuivit une période pluvieuse, le Cabernet-Sauvignon n’étant pas encore à pleine maturité, certaines propriétés ont pris le pari de vendanger plus tard, et au final il ne tombera que 25 mm de pluie au lieu de 60 à 100 mm de précipitations annoncé par la météo. Le beau temps revient, reconcentre les raisins , les fait mûrir dans des conditions idéales.
Les vendanges 2023 furent très longues, étalées sur plus d’un mois.

Dans les chais, les raisins ont exprimé naturellement toute leur structure. Quelques remontages suffirent en début de fermentation. Le millésime donne toute sa complexité, sa structure, son expression aromatique sans difficulté, donc inutile d’aller chercher un surplus, d’aller extraire, tout est dans l’équilibre, dans la fraîcheur.

Des prix normalement attendus à la baisse

La campagne primeur des vins de Bordeaux débutera dès cette semaine du 29 avril et devrait nous réserver de belles surprises en matière de prix. Avec une situation de crise économique en Europe, une récolte importante dans les chais, et un niveau de prix excessifs atteint l’an dernier avec le millésime 2022, Bordeaux se doit de renouer avec ses passionnés de grands vins, et ce millésime en est l’occasion. Durant toute cette semaine du 22 avril où Géraldine & moi étions à Bordeaux, nous n’avons cessé de passer les messages à nos amis bordelais, des messages de sagesse, pour un retour vers les prix du millésime 2019. On peut toujours se permettre de rêver, cela ne coûte rien . . .

Comme chaque année depuis le millésime 2013, nous vous proposerons chaque jour les sorties primeurs, accompagnées de mes commentaires de dégustation. Ce sont mes impressions, puisse ces modestes commentaires vous inspirer et vous guider dans vos décisions d’acquisitions.

Philippe Bourtembourg

Médoc & Haut-Médoc

Margaux

Saint-Julien

Saint-Estèphe

Saint-Emilion

Lalande de Pomerol

Pomerol

Pessac-léognan

Moulis

Pauillac

Bordeaux blanc