LE BORDELAIS

« Un vignoble qui n’a pas de passé est sans doute un vignoble sans avenir » Philippe Roudié – Professeur émérite à l’Université de Bordeaux

Bordeaux ! Un nom de ville et bien plus que cela. Bordeaux a donné son nom à tous les vins de son département, la Gironde, avec une aura planétaire. Bonus exceptionnel, les étiquettes de ces bouteilles fameuses ou discrètes dans leur appellation, ont le pouvoir de porter le nom de « Grand Vin de Bordeaux ». L’adjectif s’est offert une notion qualitative. Le Bordelais se pare de chiffres stupéfiants. A commencer par ceux du plus grand vignoble avec ses quelque 113 000 hectares qui se répartissent pour 88% en cépages « noirs » pour le vin rouge et une production annuelle variable qui se monte dans les meilleures conditions à 6 millions d’hectolitres. Une habitude ancienne dans l’esprit des gens veut que lorsqu’un nouveau grand millésime naît dans le Bordelais, la rumeur veut que tous les vins de France en profitent. L’inverse est tout aussi vrai. Ce sont deux idées reçues qui ont fait leur temps – elles témoignent, à leur manière, l’influence des vins girondins – d’autant plus que Bordeaux n’a plus enfanté de mauvais millésime depuis une vingtaine d’années.

Les guides et critiques de référence s’accordent sur ce point, tant les soins apportés à la vigne ont été énormes (sans même parler de l’utilisation néfaste des pesticides, une espèce en voie de disparition) en même temps qu’elle a bénéficiés des effets du réchauffement climatique, tant les soucis et soins des vendanges et le perfectionnement des vinifications sont passés en quelques années du Moyen-âge (on reconnaît exagérer un tantinet) aux techniques les plus contemporaines.

Bordeaux ! Le mot recouvre près de quatre douzaines d’appellations, les fameuses Appellation d’Origine Contrôlée (AOC), certaines plus réputées que d’autres. On distingue les vins de la Rive Gauche (Médocs, Graves, Sauternes), ceux de la Rive Droite (Saint-Emilion, Pomerols) et entre Dordogne et Garonne ce qu’on nomme l’Entre-deux-Mers où naissent des vins de plus en plus recherchés par les amateurs pour une qualité qui se hausse à chaque décennie tout en gardant les pieds sur terre pour ses prix de vente.

Certaines appellations bénéficient d’un classement hiérarchisé comme les vins du Médoc, des Graves, des Sauternes, de Saint-Emilion. Chaque classement est établi selon des règles propres à l’appellation, figées dans l’histoire ou remises en question tous les dix ans.

De leur côté, les vignerons de Pomerol ont décidé, une fois pour toutes, de refuser tout classement. A chaque appellation sa réglementation interne, sa religion : charbonnier reste maître chez soi.

Bordeaux ! Ce sont d’abord des cépages si bien adaptés à leur « terroir » que les pays nouveaux producteurs ont implanté chez eux « pour faire comme à Bordeaux ! ». Les plus connus, pour le vin rouge, sont le Cabernet-Sauvignon et le Merlot. Ce dernier domine les vignobles avec deux-tiers des superficies plantées.

Le Cabernet-Sauvignon reconnu comme « le plus grand cépage noble pour le vin rouge » suit avec « seulement » 23% selon les dernières statistiques, alors qu’il cour sur plus de 100 000 dans le monde. Le réchauffement climatique a aussi des effets bénéfiques sur deux autres cépages rouges, le Cabernet-Franc très utilisé comme complément du Merlot et le Petit Verdot.

En blanc le Sauvignon règne sur 5 000 ha et bénéficie des avantages apportés par le soleil pour arriver à meilleure maturité. Il est souvent assemblé avec le cépage Sémillon (7 000 ha) qui est, par ailleurs, celui qui est utilisé pour l’élaboration des grands vins liquoreux de Sauternes.

Bordeaux ! Son ultime singularité est le système de vente en primeur qui concerne quelque deux cents grands crus. Ces vins de caractère et de notoriété sont dégustés par les professionnels du monde fin mars, début avril et sont proposés à la vente aux mois de mai et juin : la propriété donne ses allocations au négoce de Bordeaux, le négoce de place, qui les répartit dans le monde à ses importateurs, négociants locaux et cavistes.

Le particulier peut alors acheter ces vins qui seront livrés après l’indispensable élevage et la mise en bouteille l’année suivante, avant ou après la nouvelle récolte. Le particulier peut et doit faire confiance à ces revendeurs qui fournissent, dans la plupart des cas, un certificat de propriété, comme une garantie de livraison à terme. Cela ne peut faire oublier les centaines de millions de bouteilles sélectionnées pour être vendues directement. Comme celles de votre caviste.

Le choix des vins proposé dans notre vinothèque porte sur une sélection de 75 Bordeaux rouges issus des plus beaux terroirs que recèle cette merveilleuse terre d’Aquitaine que nous vous invitons à découvrir lors de votre passage dans notre vinothèque. Avec l’amicale collaboration de Jo Gryn, journaliste, ancien directeur de Gault & Millau